70 ans des Francas 72
70 ans d’éduc’pop avec les Francas de la Sarthe, ça se fête ! En 2024, les Francas de la Sarthe…
Importée de Suède, l’initiative Promeneurs du Net a été mise en œuvre par la Caf et le Conseil Départemental de la Manche en 2012. Actuellement, ce sont plus de 90 Caf qui adhérent au dispositif, avec plusieurs centaines de Promeneurs du Net. Le 27 septembre dernier, c’est au tour du département du Maine et Loire, après la Sarthe pour la région des Pays de la Loire à se lancer dans l’accompagnement des jeunes.
Les Francas ont proposé une journée avec des interventions de spécialistes et des ateliers thématiques pour réfléchir collectivement sur : la place du numérique dans les politiques jeunesse ; les impacts sur les structures socio-éducatives ; les modalités d’animation avec le numérique ; la construction de partenariats entre structures pour prendre en compte le numérique.
Internet est un territoire qui présente à la fois des risques, mais aussi d’importantes potentialités. La mise en place d’une action éducative « dans la rue numérique » est donc essentielle pour accompagner les pratiques des jeunes et ainsi minimiser les risques de dérive, tout en valorisant les compétences acquises par ces derniers. En préambule de la journée, Pascal Letort, Président de la Caf du Maine-et-Loire, voit qu’« il y a un intérêt à capter des publics que l’on ne voit pas dans les structures traditionnelles en allant sur Internet. Les promeneurs interviennent à visage découvert en toute confiance et en toute transparence ».
Ces promeneurs du net : qui sont-ils ? Bien souvent, ce sont des professionnels de l’animation volontaires pour entrer dans la démarche. Ils assurent une veille éducative. Ils peuvent ensuite en parler directement avec les jeunes, les conseiller ou les orienter vers d’autres interlocuteurs selon les questionnements identifiés. Les professionnels endossent une mission d’éducation aux médias et à l’information.
Lors de la table ronde de la journée, Benoît Besse, Conseiller d’éducation et populaire et de jeunesse, délégué départemental à la vie associative, est l’un des premiers à intervenir. Il fait le lien entre deux traditions historiques de l’éducation populaire depuis les années 60 : l’éducation aux médias, la culture scientifique et technique. Agir avec ces outils est un moyen de favoriser une construction de soi et de créer du lien social. Alors quand le numérique transforme notre société, la construction du jeune citoyen est impactée. Le numérique influence les processus de construction identitaire des jeunes : parce qu’il libère la créativité même si tous les jeunes ne sont pas tous experts, loin de là.
Les professionnels de l’animation s’interrogent sur leurs pratiques et leurs usages quand ils constatent la désaffection des espaces jeunesse. Quelle articulation est à concevoir sur les réseaux sociaux et la pratique en présentiel ? Selon Benoît Besse, il n’y a pas de fracture, mais une continuité : il faut construire une nouvelle posture éducative. En cela, les promeneurs du net permettent de reconnaître les pratiques existantes comme un temps professionnel ; et ouvrent la possibilité d’en discuter avec d’autres professionnels afin de trouver des solutions appropriées ensemble.
Deuxième intervenante de la matinée, Elise Riquin, pédopsychiatre au CHU à Angers, précise que le cerveau se construit jusqu’à 25 ans. Et la dernière étape de sa construction, après les métamorphoses pubertaires, est la capacité d’évaluer et de faire face aux dangers. A l’adolescence, il n’est donc pas facile de caractériser ce qui est une menace.
Vanessa Lalo est psychologue clinicienne, spécialiste des médias numériques et leurs impacts cognitifs, éducatifs et culturels ; elle accompagne le dispositif des Promeneurs du net et naturellement se retrouve régulièrement à intervenir auprès des professionnels de l’animation et de l’éducation. En accord avec les propos de Benoît Besse, elle admet que tous les jeunes ne sont pas connectés : « il existe une grande diversité d’usage et de supports selon les territoires. Parfois des jeunes refusent d’avoir un smartphone pour ne pas être géo localisé par leurs parents. Certains ont des compétences techniques de montage ou de codage alors que d’autres ont juste un rapport de consommation aux outils. C’est pourquoi avec les promeneurs du net, on doit amener les ados à leurs faire découvrir d’autres usages, d’autres outils. La place publique numérique se conçoit dans un objectif d’inclusion ».
« La présence éducative est vue comme un temps de travail au bureau avec un début et une fin de journée », précise Vanessa Lalo. C’est pourquoi agir dans un espace numérique conçu dans une temporalité différente avec une logique de flux nécessite de revoir l’organisation du travail et les postures éducatives. Il est donc essentiel de faire un travail en équipe et ne pas être un professionnel à se lancer seul dans l’aventure. Il faut s’appuyer sur le réseau des professionnels du net.
Pour Benoît Besse, « faire vivre la citoyenneté dans les structures socio-éducatives, socio-culturelles, passe par une interrogation du projet pédagogique de manière collective ; pour que cela ne soit pas une question de spécialiste ». Il ajoute qu’il est « nécessaire de se former ensemble, d’expérimenter pour s’approprier ces questions ».
Clément Mabi, Maître de conférence à l’université de technologie de Compiègne est spécialiste des médias participatifs ; il insiste sur les possibilités proposées par le numérique pour être un levier de transformation sociale. Mais il est aussi critique quand il s’agit d’évoquer la bulle informationnelle générée par les réseaux sociaux et « ses effets de cadrages, amplifiés par des bulles de filtres pour donner à voir une présentation du monde qui est censé nous convenir ». Les algorithmes sont ici clairement mis en cause. Il précise que les réseaux sociaux tirent leur profil du clic par la publicité. Selon lui, il y a besoin de plus de pratiques citoyennes sur les réseaux sociaux. Alors que faire pour que les jeunes ne croient pas tout sur les réseaux sociaux, deux solutions :
En après-midi après des ateliers thématiques pour réfléchir collectivement sur : la place du numérique dans les politiques jeunesse ; les impacts sur les structures socio-éducatives ; les modalités d’animation avec le numérique ; la construction de partenariats entre structures pour prendre en compte le numérique. La seconde conférence traitait des droits en matière de numérique, avec Benjamin Busson, Juriste spécialisé dans le droit du numérique, fondateur du site Juridigital.com.
Enfin, cette journée fut l’occasion, pour plusieurs associations, de présenter leurs ressources pour la jeunesse autour d’un forum : le Planning familial, Les Pieds dans le Paf, Angers Connectée Jeunesse, Les Petits débrouillards, La Maison des adolescents, Les Francas du Maine-et-Loire, Unicités.
Les Promeneurs du net en Maine-et-Loire : www.promeneursdunet49.fr
Le site national des Promeneurs du net : www.promeneursdunet.fr.