70 ans des Francas 72
70 ans d’éduc’pop avec les Francas de la Sarthe, ça se fête ! En 2024, les Francas de la Sarthe…
En octobre et novembre dernier, le Vlipp, dont la mission est de donner la parole aux jeunes, devant ou derrière la caméra, a mené une série d’entretiens avec des adolescents et des jeunes sur le thème de l’information afin de faire entendre leur point de vue dans le cadre de la journée d’étude de la Biennale de l’éducation des Francas qui s’est tenue le 22 novembre dernier.
Yoann Quiban de Léo Lagrange et Marianne Gaudillère du Vlipp ont proposé aux sept jeunes présents de créer à leur tour des vidéos, comme des réponses ou des points de vue complémentaires aux capsules pré-existantes. Cédric, Yann, Léa, Ghislaine, Amira, Ophélie, Fabiola se sont laissés guider dans cette forme d’échanges originale et créative présenté ainsi par Yoann Quiban : la projection de chaque capsule vidéo sera suivie d’un « débat mouvant » puis à la fin de la séance des « vidéos réponses » seront créées.
Mais qu’est-ce qu’un « débat mouvant » ? La consigne est simple : à partir d’affirmations énoncées par Yoann et Marianne et construites en relation avec le thème d’une capsule vidéo, chaque jeune est invité à émettre son point de vue et à l’affirmer physiquement par un placement précis dans l’espace, d’un côté ou de l’autre d’une ligne imaginaire ; puis la phase de l’argumentation, de l’illustration de son idée, de la confrontation avec celles des autres s’amorce pouvant, éventuellement, motiver un changement de place de l’autre côté de la ligne.
Au départ, un peu embarrassés par cette posture qui expose un peu plus, peut-être, que la position assise sur une chaise, les sept jeunes se sont rapidement prêtés au jeu. Durant deux heures, ils ont découvert et débattu autour des sujets abordés dans les six capsules : le temps passé sur Internet, la valeur accordée au nombre d’amis, d’abonnés sur les réseaux sociaux, la fiabilité des informations sur le net, la relation à l’autre dans la sphère numérique et dans la sphère physique, la dépendance aux notifications ou messages, l’expérience de vie sur le net, les pratiques collectives autour des écrans, etc.
La forme du débat mouvant favorise la prise de parole, créé une posture d’écoute intéressante et facilite, pour un auditeur ou une auditrice extérieure, la perception des différences de point de vue. Car, les avis des un·e·s et des autres étaient très variés dans ce débat sur le rapport des jeunes au numérique. Si tous les participants reconnaissent être hyperconnectés, affirmant passer plus de deux heures par jour devant Internet et se sentir « aspirés » par la toile, les positions varient quand il s’agit de réagir à l’affirmation suivante : « je me permets plus de choses derrière un écran ». Pour les uns, le numérique offre un espace d’expression plus libre ; le débat sur Internet semble plus facile, notamment parce qu’il peut être mené dans l’anonymat. Pour les autres, au contraire, l’échange est bien plus constructif dans le face-à-face. Certains osent, parfois, une curiosité en direction des autres, via les réseaux, qu’ils ne s’autoriseraient pas dans la vie réelle (comme si, cachés derrière un écran, ils s’affranchissaient de certaines convenances sociales) ou, comme pour Cédric, affirment et développent des passions dans des relations en ligne qui restent cachées dans la vie réelle.
Les écrans sont importants pour tous les jeunes présents, à tel point qu’ils sont majoritaires à déclarer ne pouvoir se passer de consulter leur téléphone en permanence et même à être capables de parler simultanément à une personne via leur smartphone et une personne physiquement à côté d’eux.
« L’instantanéité c’est le monde d’aujourd’hui », déclare Yann.
Pour clore la journée, les jeunes ont été invités à réaliser une vidéo permettant d’exprimer un élément important du débat mouvant et leur vision de l’avenir sur le sujet du rapport des jeunes à l’Internet. Celle-ci est un peu pessimiste, chez certains, pour ce qui concerne les relations sociales puisqu’un groupe déclare « dans 15 ans, il y aura plus d’accès à Internet, il y aura moins de communication avec les gens, moins de vie privée ». Mais le pessimisme ne les empêche pas de reconnaître que les actions éducatives, de sensibilisation peuvent permettre de prévenir de tels dangers.
Les échanges ont été nombreux et de qualité durant ce café débat et les capsules vidéos créées par le Vlipp pour la Biennale ont constitué un matériau très riche. Les deux heures n’ont pas suffi pour approfondir tous les sujets et pour faire le montage des vidéos. Un autre rendez-vous est d’ores-et-déjà fixé au mercredi suivant ainsi que tous les autres mercredis de 14 à 18h à la Mano lors de l’atelier vidéo hebdomadaire du Vlipp, ouvert à tous… Avis aux amateur·trice·s ! »
Élisabeth Chabot